Landschaften sind so vielfältig wie die Menschen, die sie prägen. Das Webportal bildet diese Vielfalt ab. Es stellt zur Diskussion, was Landschaftskultur sein soll und wie diese einen qualitätsvollen und nachhaltigen Umgang mit Landschaft fördern kann.

Bild: M. Bolliger

Dans la mousse, les tourbières et dans l'eau d'un ruisseau.

Benoît, Sainte-Croix

Waldlandschaft
Bild: Benoît Delbeauve

1. Dans quel paysage vivez-vous ?

Jura vaudois entre 800 et 1600m d'altitude.

2. Dans quel type de paysage aimeriez-vous vivre ?

Le reste de ma vie dans le même paysage.

3. Si j'étais un paysage, je serais... ?

Une forêt boréale primaire avec des zones de tourbières.

4. Où souhaitez-vous que vos cendres soient dispersées ?

Sous un arbre séculaire dans ma région du Jura vaudois.

5. Où ne voudriez-vous pas être enterré·e un jour ?

Nulle part ailleurs!

6. Comment interagissez-vous avec le paysage ?

Je considère la forêt comme ma maison, ma mère nourricière biologiquement et spirituellement. J'y passe le plus de temps possible, souvent seul, pour y collecter des plantes médicinales, comestibles ou aromatiques, des fruits, des champignons, etc... Depuis le ventre de ma mère, je ressens une profonde symbiose avec les éléments naturels des paysages jurassiens.

7. Comment interagit le paysage avec vous ?

Le paysage est une trame vivante où un équilibre entre les besoins humains et ceux de toutes les autres espèces animales et végétales doivent cohabiter en harmonie et dans un équilibre fragile que nous avons la haute responsabilité de préserver absolument! Les végétaux et animaux "sauvages" ont des leçons à nous transmettre à l'infini pour peu que l'on soit réceptifs, curieux, silencieux et toujours émerveillés. La Nature définit mon identité et mon existence. Ces paysages jurassiens forgent toute ma personne et en nourrissent tous les aspects.

8. Avec qui partagez-vous des expériences paysagères ?

Avec mes proches, mes amis et mes quelques trop rares clients en tant que guide naturaliste autodidacte (accompagnateur en montagne diplômé).

9. Comment le paysage change-t-il ?

Il est sous pression constante et toujours plus menacé dans ses équilibres par les infrastructures humaines et de nombreuses activités qui considèrent celui-ci uniquement comme un terrain de jeu pour grands enfants en mal de sensations, considéré comme un vulgaire décor inerte uniquement au service de l'humain et de toutes ses facéties. On exploite tout partout et toujours plus. On bétonne, on morcelle, on découpe, on s'approprie, on dénature, on taille, on coupe, on arrache, on "nettoie", on tue sans raison valable dans la grande majorité des cas. Je ne peux pas considérer nos paysages jurassiens (pourtant façonnés en grande partie par l'homme dans le temps) comme inertes, comme des éléments séparés dont l'existence ne se justifie que pour servir les intérêts d'humains de plus en plus déconnectés de la réalité du Vivant et donc de paysages peu ou pas anthropisés. Je vis l'apparition récente des parcs éoliens avec leur industrialisation et leur artificialisation de nos paysages jurassiens comme une profanation du sacré qu'ils contiennent! Des robots en pleine Nature pour lesquels on déforeste des hectares et qu'on nous présente comme d'intérêt général alors que c'est soit un mensonge soit une illusion! On sait que c'est une saine biodiversité qui est la première garantie d'un climat viable et stable pour tous! En ce sens, nos forêts et nos tourbières sont irremplaçables!

10. Qu'est-ce qui doit rester ?

Uniquement ce qui nourrit nos réels besoins (sur tous les aspects) dans un esprit et une vision sur plusieurs générations. La recherche de profits n'étant jamais des besoins.

11. Qu'est-ce qui doit changer ?

Nos rapports, nos relations, nos visions, nos comportements, nos perceptions, nos utilisations. Notre anthropocentrisme est mortellement toxique! La Nature n'est pas un parc d'attraction ni un supermarché des sensations ou un terrain de jeu pour grands enfants immatures mais un lieu de vie pour une infinité de vie dont la nôtre dépend.

12. Quelle est votre façon préférée de vous déplacer dans le paysage ?

Au rythme de mes pas et de l'émerveillement permanent que suscite la diversité extraordinaire et les infinies expressions de la vie alliant toujours beauté, fonctionnalité et durabilité contrairement à notre mode de vie occidental (je considère le rapport des peuples autochtones avec leurs terres ancestrales comme le meilleur exemple de rapport sain et durable avec la Terre!)

13. Quelle est votre météo préférée ?

Toutes!

14. À quelle altitude vous sentez-vous le plus à l'aise ?

En moyenne montagne (entre 800 et 1800m d'altitude).

15. Quelles sont les choses "naturelles" que vous appréciez le plus ?

S'asseoir sous un arbre, sur un rocher, admirer la diversité des couleurs, des parfums, des formes, des sons... Herboriser, champignonner, cueillir, faire des affûts, lire et suivre des traces, chercher des fossiles, écouter les arbres, sentir l'humus, faire un simple feu sans fumée avec du bois mort... Essayer de ne jamais laisser de trace derrière moi. Me perdre dans la forêt, seul façon d'apprendre à se connaître!

16. Quelles sont les choses "artificielles" que vous appréciez particulièrement ?

Aucune et de moins en moins avec l'âge! Je deviens de plus en plus sauvage et de moins en moins civilisé au sens de notre civilisation qui est chaque jour de plus en plus incivile, égocentrique, anthropocentrée, superficielle, consommatrice, aveugle, sourde, bruyante, vulgaire, abrutissante, hors sol! Notre vocabulaire est très représentatif de notre rapport au monde Vivant. Je proscris les termes environnement, sortie nature, nuisible (etc) issus d'une perception colonialiste, capitaliste, dominatrice et patriarcale du Vivant.

17. Quel est votre bruit préféré dans le paysage ?

Le chant du grand corbeau dans les brumes automnales. Le ruissellement de l'eau, le vent dans les cimes, le craquement de la neige sous mes pas...

18. Quelle est votre odeur préférée dans le paysage ?

Toutes celles de nos forêts (mousses, écorces, champignons, humus, feu de bois de hêtre...)

19. Où aimeriez-vous marcher pieds nus ?

Dans la mousse, les tourbières et dans l'eau d'un ruisseau.

20. Quelles questions sur le paysage manquent-elles dans ce questionnaire ?

Considérez-vous le paysage comme une communauté d'êtres vivants interdépendants?

Cette interview a été réalisée dans le cadre du site portail Culture du paysage à l'aide d'un questionnaire en ligne. En savoir plus

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